Helen Hanff, 84 Charing Cross Road
Je viens de dévorer 84,
Charing Cross Road : c'est une très belle
découverte que cette correspondance entre Helen Hanff, l'Américaine et la
librairie du 84, Charing Cross Road, Londres, entre 1949 et 1969. Pour Helen Hanff, cette libraire anglaise est la seule à fournir de vieilles éditions à des prix raisonnables. C'est ainsi que nait ce dialogue.
Ce livre est court (je m'attendais aussi à un livre plus
long !) et se lit donc très vite, et surtout très bien !
J'aime beaucoup le ton plein d'humour de cette Américaine
passionnée de vieux livres introuvables. Et en plus, elle qui n'aime pas les
romans, elle craque complètement pour Jane Austen ! De plus elle est d'une
grande générosité. Et de l'autre côté (la librairie de Londres), ses
correspondants qui sont au fur et à mesure de plus en plus nombreux, et le
rapport qui se personnalise. De ses découvertes de livres, à ses déceptions, on
ressent bien la joie ou l'énervement qu'Helen a lorsqu'elle a ses livres entre
les mains.
"Je vais me coucher, je vais faire
d'affreux cauchemars plein de monstres énormes portant toges de professeur et
grands couteaux de boucher tout ensanglantés avec marqué dessus : Extrait,
Sélection, Passage, Abrégé."
Ou encore cette réaction violente suite à la commande
d'une Bible (réaction que je trouve assez savoureuse ! )
"QU'EST-CE QUE CETTE SINISTRE BIBLE
PROTESTANTE QUE VOUS M'AVEZ ENVOYEE ?
Pourriez-vous avoir l'amabilité de faire savoir aux gens de l'Eglise
d'Angleterre (qui que ce soit qui leur ait donné l'ordre de tripatouiller la
Vulgate) qu'ils ont bousillé une des plus belles proses jamais écrites ? ils
brûleront en enfer pour ça, vous pouvez me croire !
Personnellement, ça m'est égal, je suis juive."
Ou encore cette réflexion sur les livres d'occasion :
"J'adore les livres d'occasion qui
s'ouvrent d'eux-mêmes à la page que leur précédent propriétaire lisait le plus
souvent. Le jour où le Hazlitt est arrivé, il s'est ouvert à "Je déteste
lire des livres nouveaux" et je me suis exclamée "Salult, camarade
!" à l'adresse de son précédent propriétaire, quel qu'il soit."
Voici comment la correspondance commence
"Messieurs :
D'après votre publicité dans le Saturday Review of Literature, vous êtes
spécialisés dans les livres épuisés. L'expression "libraires en livres
anciens" m'effraie un peu parce que, pour moi, "anciens" est
synonyme de "chers". Je suis un écrivain sans fortune mais j'aime les
livres anciens et tous ceux que je voudrais avoir sont introuvables ici, en
Amérique, sauf dans des éditions rares et très chères, ou bien chez
Barnes&Noble, qui vend à des prix abusifs des exemplaires très défraîchis
et ayant appartenu à des écoliers.
Vous trouverez ci-joint la liste de mes "problèmes" les plus urgents.
[...]"
Bon, j'arrête là avant de vous recopier tout l'ouvrage,
mais vous l'aurez compris, je suis très enthousiaste !
Mélange de réflexion sur la lecture, sur les livres, sur
la vie aussi, ce bouquin vaut vraiment le détour !
Fleur de Serre